
Un phénomène de société :
La violence conjugale concerne tous les pays, toutes les classes sociales, les cultures, les religions ou les ethnies. Et il n’est pas si rare qu’elle entraîne la mort. En effet, 25% de tous les crimes de violence enregistrés concernent un homme qui a agressé sa femme ou sa compagne. Et 90 % des meurtres qui touchent les femmes sont commis par leur compagnon. Ainsi, en France, près de 400 femmes meurent chaque année sous les coups de leur conjoint.
Pour les femmes de 16 à 44 ans, la violence conjugale est même la principale cause de décès et d'invalidité. Elle tue plus que le cancer, les accidents de la route et la guerre, selon des statistiques citées par un rapport du Conseil de l'Europe. En Europe, selon les pays, de 20 à 50 % de femmes sont victimes de violences conjugales ! Et chaque année, des milliers de femmes et d'enfants quittent le domicile familial en raison des abus dont ils sont victimes.
La violence conjugale est exercée à 99 % par des hommes sur des femmes et en privé. En France, une femme sur 10 qui vit en couple est victime de violences conjugales. Au niveau international, c’est une femme sur 5 qui est victime de violences conjugales. Pourtant, on parle assez peu de ces violences qui se déroulent derrière les murs des domiciles familiaux. En 1993, une enquête canadienne révélait que seulement 14 % des cas de violence sont signalés à la police.
Un scénario classique :
Tous les jours, l’actualité nous montre que la femme n’est pas encore l’égale de l’homme.
C’est pourquoi nous construisons un dossier sur les différents aspects de l’inégalité homme-femme et sur les actions, même modestes, qui favorisent l’égalité.
Pourquoi les femmes acceptent-elles de tels comportements? C’est que la violence conjugale est un phénomène cyclique. Il y a des périodes d'escalade, pendant lesquelles la femme va tout faire pour maintenir l'équilibre. Mais elle n’empêchera pas l’épisode violent d’arriver. A la suite de l’épisode violent, la femme, en état de choc se confie parfois à un proche ou à un professionnel (médecin, travailleur social). Après la crise, le conjoint violent regrette ce qu'il a fait et veut se faire pardonner . Il minimise les faits, justifie son comportement par des facteurs extérieurs et, promet de ne plus recommencer. La femme se considère alors en partie responsable de ce qui vient de se passer. C’est la "lune de miel" . La femme reprend la vie commune, essaie d’oublier les scènes violentes qu'elle a vécues. Mais, plus le cycle se répète, plus les périodes de "lune de miel"sont rares. Et la femme se laisse piéger parce qu’elle se sent responsable de la violence du conjoint. Elle se sent incapable de s'en sortir ou d'améliorer sa situation. Et elle reste, parfois jusqu’à la mort…
Quelques données chiffrées concernant les violences masculines contre les femmes :
- 1 femme sur 3 victime au cours de sa vie de viol, violences ou agression sexuelle (enquête effectuée pour le Secrétariat aux Droits des Femmes, ENVEFF 1999).
- 1 femme sur 10 victime de violence conjugale.
Selon les statistiques du Ministère de l'Intérieur :
- En 1985, sur 2823 plaintes pour violences sexuelles, il y a eu 618 condamnations (21,9 %, c'est-à-dire que 78,1 des plaintes n'ont pas été suivies de condamnation).
- En 1995, sur 7069 plaintes pour violences sexuelles, il y a eu 1088 condamnations (15,4 %, c'est-à-dire que 84,6 % des plaintes n'ont pas été suivies de condamnation).
Violences masculines domestiques :
- 3 femmes meurent tous les 15 jour en France du fait de violences masculines domestiques (Ministère de l'intérieur, rapport 2001)
Parmi les appels reçus par Violence conjugale Femmes Info-service (sur une période de 58 mois, voir Traiter la violence conjugale, l'Harmattan, Paris, 1996):
- 59% des victimes sont mariées, près de 20% vivent en concubinage, certaines ont entamé une procédure de rupture
- 63 % des femmes sont d'origine française, 19% d'origine étrangère, (l'origine des 18 % restantes est inconnue)
- Dans 80 % des cas, l'auteur des violences est un mari ou un concubin ; dans 6 % des cas, c'est un ex (mari, amant) ; dans 2 % des cas, c'est un membre de la belle-famille, un partenaire occasionnel ou un ami du mari. Dans 2,5 % des cas, c'est un membre de la famille de la victime.